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Un blog littéraire. Au programme: plein de lectures, un peu d'art et d'histoire!

Critique libre: L'ETERNEL MARI (Fédor Dostoïevski)

Dangereux face-à-face

 

Depuis quelque temps Alexei Ivanovitch Veltchaninov est en proie à un grand abattement. Comme il approche de la quarantaine, il souffre de plus en plus d’hypocondrie; mais ce sont surtout des tourments moraux qui l’agitent. Peu à peu, il prend conscience de la vacuité de son existence et se sent assailli – bien malgré lui - par des remords relatifs à son passé. Or voilà que ressurgit dans sa vie le mari de son ancienne maîtresse, Natalia Vassilévna, dont il s’est séparé il y a plus de huit ans. Comme l’indique le crêpe noir ornant son chapeau, Pavel Pavlovitch Troussotski est désormais veuf mais il a une petite fille et, fait troublant, Liza est née huit mois après le départ de Veltchaninov. A qui est l’enfant ? Et que cherche Troussotski en se rapprochant de son ancien rival et ami ?

Tout au long du roman, on assiste à un face-à-face ambigu qui met aux prises le mari et l’amant. Dostoïevski réussit à établir entre eux des liens complexes où se mêlent la haine, l’admiration, le mépris et l’amitié blessée. Troussotski commence par louvoyer. Il nous apparaît d’abord comme un pitoyable ivrogne incapable d’agir en homme. Mais au fil des pages, la tension monte et on se demande quand la crise éclatera enfin. Ce qui est remarquable dans ce récit c’est qu’il ne s’agit pas d’une banale affaire de vengeance orchestrée par un mari jaloux. Troussotski semble fasciné par son rival et va même se mettre pour un temps à sa merci, comme s’il était prêt à endosser éternellement le rôle du mari bafoué. Quant à Veltchaninov, il oscille entre sa culpabilité et le dégoût viscéral qu’il éprouve pour Troussotski. Pourtant, il ne cherche jamais à s’en éloigner réellement, jusqu’au règlement de comptes final.

Ce roman entièrement psychologique est intéressant, même s’il m’a (un peu) moins convaincue que les autres œuvres de Dostoïevski.
Malgré une progression quelque peu ralentie, le talent de l’auteur transparaît à chaque page, qu’il décrive l’agonie d’une fillette ou les joies domestiques dans une maison bourgeoise. Le point de vue adopté est celui de Veltchaninov, de sorte que l’on ignore totalement les intentions de son persécuteur qui n’en devient que plus menaçant. Une fois de plus, l’auteur met en scène des personnages angoissés, à la fois grotesques et sérieux, mais qui donnent en tout cas à réfléchir. A l'issue de cette lecture, on pourrait se demander s'il existe des individus qui, tels Troussotski, sont destinés à être d'éternelles victimes.

Critique libre: L'ETERNEL MARI (Fédor Dostoïevski)
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