Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Lesmillefeuillesdefirmin.overblog.com

Un blog littéraire. Au programme: plein de lectures, un peu d'art et d'histoire!

Critique libre: FEMMES ET FILLES (Elizabeth Gaskell)

« Une histoire de tous les jours » comme seule Mrs Gaskell sait nous en raconter !

 

Contemporaine des sœurs Brontë et de George Eliot, Mrs Gaskell (1810-1865) est tout aussi talentueuse et mériterait d’être plus célèbre en France.

« Femmes et filles »– ou plutôt « Epouses et filles » - est un roman domestique, sentimental et social à la fois, avec pour cadre la vie provinciale anglaise du XIXème siècle. Il a été publié en feuilleton entre 1864 et 1866, comme beaucoup de chefs-d'oeuvre de l’époque.

Avec ce dernier et magnifique livre, l’auteure nous transporte dans les années 1830, à Hollingford, une paisible bourgade. Dans cette petite ville, le principal divertissement consiste à organiser des « tea parties » où l’on commente la vie des aristocrates locaux et les amours des jeunes gens à marier. C’est là que nous faisons la connaissance de Molly Gibson, et de son père, l’honorable médecin de Hollingford. La relation entre ce veuf quinquagénaire et sa fille unique est touchante car ces deux êtres sont liés par une grande affection et une confiance mutuelle absolue. Ils sont tout l’un pour l’autre, menant une vie simple et heureuse, sans se soucier des mondanités. Mais cette tranquillité domestique est ébranlée le jour où le docteur Gibson décide de se remarier. Sa nouvelle épouse, Miss Clare, va s’immiscer dans les relations père/fille, mais aussi dans l’avenir amoureux de Molly, au nom de son devoir de belle-mère. Quant à la fille de Miss Clare, Cynthia Kirkpatrick, elle semble cacher un terrible secret sous les dehors les plus attrayants.

Les Gibson sont liés à plusieurs autres familles d’Hollingford, dont deux sont particulièrement distinguées : il y a d’abord Lord et Lady Cumnor, des aristocrates qui ont employé autrefois Miss Clare comme préceptrice ; mais c’est surtout la famille Hamley que fréquentent les Gibson. Et sachant que le vieux squire a deux fils en âge de se marier, on peut imaginer que des péripéties sentimentales vont suivre. Molly s’éprendra-t-elle d’Osborne Hamley, le séduisant héritier, ou de son cadet Roger dont elle fait son confident ? Pourra-t-elle sauver l’amitié qui l’unit à sa belle-sœur, alors que celle-ci devient sa rivale en amour ?

Difficile et inutile de détailler ici toute l’intrigue. Il suffit de savoir qu'il y aura des amours contrariés, des secrets révélés et des commérages à souhait ! La tragédie elle-même s’invitera à Hamley Hall pour briser le vieux squire. Mais ce roman est surtout passionnant par sa description des relations sociales - qu’elles soient familiales, sentimentales ou de voisinage – à une époque où l’honneur et le rang étaient bien plus importants qu’aujourd’hui. Les portraits psychologiques sont également pleins de finesse et les répliques délicieusement spirituelles !

« An Every-day story », comme l’indique le sous-titre du livre ? Certes, mais cette histoire du quotidien est admirablement contée par une auteure pleine de délicatesse et de subtilité. C'est en cela que réside l'incomparable talent d'Elizabeth Gaskell: chaque dialogue sonne juste, les personnages semblent vivants, saisissants de vérité. C'est tout un univers qui est ainsi dépeint avec brio. Malgré la banalité apparente du sujet, c’est l’un des plus grands romans du XIXème siècle à ma connaissance. Hélas, une mort brutale a emporté Mrs Gaskell avant qu'elle ait pu achever son livre. La fin du roman nous est donc livrée par son éditeur en quelques pages, et conformément au projet de l'auteure décédée. Sans cela le lecteur aurait été privé d'une scène longtemps attendue.

Critique libre: FEMMES ET FILLES (Elizabeth Gaskell)
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article